L'exploitation artisanale de l'or dans les zones minières de la préfecture de Mandiana est souvent perçue comme un véritable moteur de prospérité économique par les communautés. Cependant, cette activité a également un impact négatif sur le taux d'abandon scolaire, en particulier chez les enfants, qui sont souvent attirés par le travail dans les mines plutôt que par l'école.
Dans plusieurs localités minières, les enfants sont souvent exposés dès leur plus jeune âge aux réalités de l'exploitation artisanale de l'or. Ils voient leurs parents et d'autres membres de la communauté travailler dans les mines et générer des revenus importants. Cette proximité avec l'activité minière crée une fascination chez les enfants, qui peuvent être attirés par les perspectives immédiates de gains financiers plutôt que par la poursuite de leur éducation. Mais très malheureusement, les conséquences de ce phénomène sont peu connues par les communautés. C'est le cas de Brouma Diakité que nous avons rencontré dans une mine d'or artisanale de Faralako, une localité située à 3 kilomètres de la commune urbaine de Mandiana. Assis avec ses deux petits garçons dont l'âge varie entre 14 et 18 ans au bord d'un puit, ce vieil orpailleur a expliqué les raisons qui l'ont poussé à orienter ces enfants vers l'exploitation artisanale de l'or.« Je travaille dans les mines artisanales depuis à mon jeune âge, je l'ai appris à côté de mon père aussi. Mais, maintenant mon âge a beaucoup avancé et je ne peux plus tenir comme avant, c'est pourquoi j'ai décidé de me faire accompagner par mes enfants pour qu'ensemble nous puissions nourrir la famille. Vouloir les laisser aller à l'école, je me retrouverai seul. Vous savez dans la vie, tout le monde ne peut aller à l'école par ce que cela nécessite des moyens financiers », a expliqué brièvement Brouma Diakité.
Non loin du puit de Brouma Diakité se trouve Layeba Fofana. Trempée de boue, il a accepté de se prêter à notre micro. Contrairement à son prédécesseur, cet orpailleur estime que l'éducation des enfants est la meilleure option pour assurer leur avenir. « Moi personnellement, je n'ai pas eu la chance d'être scolarisé par mes parents à cause des travaux champêtres et l'exploitation artisanale de l'or. Mais, je n'ai pas réservé ce sort à mes enfants grâce aux conseils de mon jeune frère qui a eu la chance d'étudier. C'est lui-même qui a scolarisé mes 4 enfants dont une fille. Je me débrouille seul ici et le peu d'argent que je gagne me permet de prendre soin de la famille », a-t-il déclaré.
Pour Mamadi Camara, enseignant dans cette localité, le taux de scolarisation des enfants reste toujours faible malgré de nombreuses sensibilisations. « Avant les gens ne comprenaient absolument pas l'intérêt de la scolarisation des enfants. Mais, quand nous avons intensifié les sensibilisations, certains parents ont commencé à envoyer leurs enfants. Malgré ça, il reste beaucoup à faire car le chiffre des enfants non scolarisés reste toujours élevé contrairement à ceux scolarisés. Nous sommes convaincus qu'ils comprendront avec le temps et avec nos multiples sensibilisations », a-t-il indiqué.
A la direction préfectorale de la promotion Féminine de l'Enfance et des Personnes Vulnérables de Mandiana, plusieurs efforts ont été faits dans le but de détrôner l'implication des enfants dans des travaux miniers qui compromettent leur développement personnel. « C'est vraiment déplorable de voir de nombreux enfants qui abandonnent l'école pour rejoindre les mines et contribuer aux activités d'extraction de l'or. Ils sont souvent impliqués dans des travaux dangereux et physiquement éprouvants, exposés à des risques de blessures et de maladies. Cette situation compromet leur développement personnel, leur accès à une éducation de qualité et leur capacité à réaliser leur plein potentiel. Nous avons initié des programmes pour encourager la scolarisation des enfants et offrir des opportunités d'apprentissage aux jeunes filles. Nous comptons également créer des conditions propices à la réussite scolaire des enfants dans les zones minières en multipliant les sensibilisations et les contrôles », a fait savoir Tenin Koulibaly de la direction préfectorale de la promotion Féminine de l'Enfance et des Personnes Vulnérables de Mandiana.
De Mandiana, Souleymane kato CAMARA