Dans la savane guinéenne, les aulacodes sont devenus la cible d'une chasse effrénée. A date, l'engouement croissant des populations rurales pour la viande de ces animaux menace sérieusement leur survie ainsi que la couverture végétale. Vu les menaces qui se pointent à l’horizon, les responsables du Centre de Recherche et de Vulgarisation de l'Aulacodiculture de Kankan (C.E.R.V.A.C) incitent les braconniers à se tourner vers l’élevage de ces espèces, une pratique plus bénéfique pour eux et l’environnement.
Les incendies, souvent déclenchés lors de la chasse aux aulacodes maintiennent la savane et favorisent la progression du désert dans de nombreuses localités de la préfecture. Afin de freiner ce phénomène, les responsables du Centre de Recherche et de Vulgarisation de l'Aulacodiculture de Kankan (C.E.R.V.A.C) estiment que la maîtrise de l'élevage de cette espèce ouvre une voie prometteuse pour concilier la préservation de l'environnement avec les besoins alimentaires des populations. « Vous savez nous sommes un centre spécialisé dans l'élevage des aulacodes. Alors, vu que la survie de ces espèces dépend de la protection de notre environnement, nous avons jugé nécessaire de trouver une approche pouvant nous permettre de conserver la couverture végétale souvent détruite par les paysans lors des chasses contre ces gibiers alimentaires. Parfois, à cause d’une espèce, les paysans peuvent ravager plusieurs hectares en mettant du feu incontrôlé. Et, si nous laissons ces pratiques destructrices se reproduire, cela peut être source de sécheresse et même de disparition des aulacodes sauvages. C'est pourquoi nous avons décidé d'aller vers les paysans, leur expliquer non seulement le danger de leur méthode de chasse aux aulacodes sur l'écosystème forestier, mais aussi l'intérêt et l'importance de l'élevage domestique des aulacodes », a expliqué Sidiki Bamba secrétaire scientifique du C.E.R.V.A.C Kankan.
Pour matérialiser cette initiative qui vise à permettre aux communautés locales de continuer à bénéficier de la viande d'aulacode, tout en évitant les pratiques destructrices, le secrétaire scientifique du C.E.R.V.A.C annonce des séries de sensibilisation. « Nous allons sillonner quelques localités où la pratique est beaucoup plus récurrente pour leur prouver qu'en détruisant nos forêts pour juste consommer la viande d'aulacode, l’on risque de mettre en péril l'environnement et faire disparaître totalement ces animaux dans la région. Nous allons aussi expliquer les méthodes de l'élevage domestique des aulacodes, tout en leur montrant combien de fois cet élevage est une source de revenus pour les paysans, et que ceux qui vont se lancer dedans, pourront avoir beaucoup plus d'animaux, revendre et en consommer sans s'attaquer à la nature. Nous envisageons également organiser des séries de formation pour apprendre aux paysans toutes les méthodes de cet élevage dans un futur proche pour protéger ces espèces et l'écosystème forestier de la région », a indiqué Sidiki Bamba.
De Kankan, Souleymane Kato CAMARA