Les autorités guinéennes restent intransigeantes sur leur exigence faite à neuf entreprises minières de se conformer à leurs conventions de base en construisant des raffineries d’alumine, tel qu'y stipulé. Ce 12 janvier 2023, lors d’une rencontre présidée par la ministre de l’Environnement, il a été rappelé aux compagnies minières concernées que l’Etat guinéen ne compte pas reculer et va tout mettre en œuvre pour que son exigence soit respectée.
Le 8 avril 2022, lors d’une rencontre qu’il a eue avec les dirigeants de neuf compagnies minières, le président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya avait demandé à ce que ces compagnies respectent leurs conventions de base en construisant des raffineries pour la transformation locale d’une partie de leur production bauxitique en alumine. A l’issue de cette rencontre, il avait été demandé aux entreprises concernées de présenter une étude de faisabilité avec un chronogramme précis pour la réalisation de leurs futures usines de raffinage au plus tard le 31 mai 2022. Sept mois après l’expiration de l’ultimatum du 31 mai, rien n’a changé et aucune étude de faisabilité n’a été présentée.
« Cette situation ne peut pas continuer »
Face à l’inaction des compagnies minières, le gouvernement guinéen relance le dossier. Ce jeudi 12 janvier 2023, une rencontre a eu lieu entre le gouvernement guinéen représenté par la ministre de l’Environnement Hadja Safiatou Diallo et le ministre du Budget Lanciné Condé et les dirigeants de neuf entreprises. Cette rencontre a été mise à profit par ces représentants du gouvernement pour réitérer l’instruction du Colonel Mamadi Doumbouya.
« La première fois que la bauxite est sortie de la terre guinéenne, nous étions en 1973. Certains parmi nous ici n’étaient pas encore nés. De ce jour à maintenant, des entreprises bauxitiques se sont installées en Guinée les unes après les autres et ont écrit dans leurs conventions qu’elles feront des raffineries. La raffinerie n’est pas en train de venir. Celle de Friguia est dans l’état que vous connaissez. Nous continuons à exporter de la terre rouge avec une faible valeur ajoutée et une faible capacité de création de richesse et de travail. Cette situation ne peut plus continuer. Le Chef de l’Etat a appelé les neuf entreprises minières qui ont dans leurs conventions, la construction d’une raffinerie d’alumine, et, a eu un entretien pour leur dire que cette situation ne peut pas être maintenue et qu’elles doivent s’inscrire dans la logique de la satisfaction de leurs obligations en matière de construction de raffineries. Un délai de conformité leur a été donné. Ce délai est en train de s’écouler petit à petit, il ne reste plus que quelques jours. Nous ne pouvons pas rester sans leur rappeler leurs responsabilités et leur indiquer qu’il ne s’agissait pas d’une blague. Les sociétés concernées ont le plus grand intérêt à montrer de façon très sérieuse et crédible, une trajectoire de réalisation de ces raffineries », a indiqué le ministre du Budget.
La Guinée, deuxième pays producteur de bauxite, exporte l’essentiel de sa production en Chine. Cet état de fait crée peut de valeur ajoutée et ne favorise pas le développement d’industries pour la transformation locale. Depuis l’arrivée au pouvoir par coup-d ’Etat du colonel Mamadi Doumbouya, plusieurs dossiers miniers connaissent des remue-ménages. C’est le cas notamment du gigantesque projet de mine de fer de Simandou qui se heurte à un blocage. Ce blocage est dû à la volonté des dirigeants guinéens de créer une co-entreprise pour la réalisation et la gestion des infrastructures du projet avec à la clé, une participation non contributive de l’Etat à hauteur de 15% au capital de cette co-entreprise. Bien que les deux partenaires de l’Etat - Winning Consortium Simandou et Simfer - aient accepté cette participation gratuite de l’Etat, les travaux sont à l’arrêt.