Boké: le fleuve rio Nuñez (ancien port négrier) menacé de disparition

Alors que le monde entier fait face aux différents défis environnementaux qui se pointent à l’horizon, la population de Boké notamment celle de Bakidera, un secteur relevant du quartier Korera dans la commune urbaine, observe avec impuissance depuis un certain moment l’avancée massive de la boue sur ‘le fleuve Rio Nuñez’. Une prouesse qui suscite inquiétude chez plusieurs citoyens riverains,  car selon eux, ce bras de mer servait de source d’approvisionnement en eau pour faire pousser les semences mais aussi de point de pèche pour les riverains. Face à cette situation, nombreux sont les citoyens qui lancent une invite aux autorités à tous les niveaux afin de pallier ce phénomène avant qu’il ne soit trop tard.


Historiquement, le fleuve Rio Nuñez  servait autrefois de port artisanal où la pèche était florissante, mais depuis l’avènement du boom minier dans cette région, plusieurs habitats naturels (faune et flore) sont menacés de disparition. C’est le cas par exemple de ce fleuve long de 80 km, qui risque de disparaitre à jamais si rien n’est fait, comme en témoigne Ibrahima KALABANE, un vieux riverain: «  Ce fleuve est mystique pour nous parce que c’est un endroit où l’on constate parfois la présence de l’eau salé et l’eau douce. Aux temps des colons jusqu’à la fin du premier régime, des petits bateaux pouvaient débarquer ici et c’était agréable à voir. Les endroits où vous voyez de la boue étaient complètement couverts d’eau, on ne pouvait même pas voir ces pierres mais aujourd’hui c’est avec un cœur serré, nous assistons à la dégradation de ce milieu. Nous invitons le gouvernement à vite prendre des mesures pour préserver ce bijou car c’est grâce à ça nous parvenons à nourrir nos familles. Certes, c’est ici nous puisons de l’eau pour nos cultures et c’est le même endroit qui nous sert de point de pèche. »

Abondant dans le même sens que son prédécesseur, le chef de la jeunesse de bakidera, soucieux de la survie de la génération future, n’a pas manqué d’interpeller les autorités :

« Avant tu pouvais descendre ici très bien sapé sans être sali par quoi que ce soit, actuellement tu ne peux pas oser venir bien habiller pour contempler de près ou traverser ce cours d’eau à cause de la boue qui prend de l’ampleur. Aujourd’hui même nos cultures sont impactées par celle-ci et les poissons aussi ont tous fuis l’endroit. Nous sollicitons fortement l’aide de l’Etat  sinon c’est toute une génération qui risque de souffrir plus tard. » A alerté Bambo DIABY

Une traversée controversée

L’avancée de la boue sur ce fleuve qui sépare Bakidera du centre-ville de Boké n’est pas sans conséquence sur la traversée qui constitue un véritable calvaire pour les riverains de nos jours. Une réalité que déplore Mamadou Camara chef secteur de Bakidera qui lance une invite à son tour aux autorités.

«  Actuellement nous éprouvons plusieurs difficultés ici mais la plus fréquente est la difficulté de naviguer sur ce fleuve qui est envahi par la boue. Nous avons mainte fois demandé aux autorités de nous aider à avoir un pont ici  sans gain de cause. Nous sommes fortement impactés par cette dégradation qui ne nous laisse pas d’autre choix que de demander de l’aide car plusieurs élèves et commerçants de la localité souffrent énormément lors de la traversée, parfois certains élèves vont en retard à l’école. Face à ce calvaire, nous demandons toujours l’aide de l’Etat. »