L’exploitation minière à petite échelle ou artisanale est communément considérée comme une industrie à prédominance masculine dans les zones minières de la préfecture de Mandiana. En dépit des conditions de travail précaires, l'or ne brille plus pour ces femmes. Car, elles ne bénéficient que de maigres revenus.
Au milieu d'un bassin boueux Mariame Keita regarde attentivement le contenu d'une petite calebasse dans l’espoir de faire fortune. Mais cet espoir s'est évanoui.
"Nous souffrons énormément. Depuis le matin, je n'ai rien gagné. Avant, ce travail nous rapportait beaucoup d'argent, mais actuellement nous travaillons à perte. L'or se fait rare, mais nous ne pouvons aucunement abandonner , car c'est le seul travail qui nous permet d'avoir un peu de sou. Nos maris ne prennent pas soin de nous. Donc si nous restons assises sans rien faire, nous ne pourrions plus prendre soins de la famille, surtout nos enfants qui sont à nos charges", a-t-elle expliqué.
Ces orpailleuses au-delà de travailler à perte sont exposées à plusieurs dangers.
Trempées dans une eau boueuse pendant des heures, ces femmes malaxent la terre molle sans protection. Un phénomène qui crée parfois des problèmes de santé.
" A force de venir travailler à la mine, j’étais en contact avec ces eaux souillées. Et cela m'a causé des problèmes de santé. J'ai eu des démangeaisons partout au bas ventre, ces petites blessures se multipliaient et s’aggravaient chaque jour. Le médecin m'a demandé de quitter la mine, car il a découvert l'effet de ces eaux souillées dans ma vulve. Mais je ne pouvais abandonner, parce que c'est ici je me débrouille pour nourrir ma famille.", a fait savoir Oumou Diakité.
Même si le métal jaune se fait rare sur ce site, Kadia Diallo espère rester assez longtemps et économiser suffisamment d’argent pour lancer son entreprise.
" Je travaille ici depuis plusieurs mois, bien que je ne gagne presque rien, je compte continuer à travailler afin d'engranger un peu d'argent pour créer mon entreprise personnelle", a-t-elle rassuré.
Dans cette aventure incertaine, l’argent engrangé après la vente de quelques pépites permet à ces femmes de s’occuper des charges familiales.
" Malgré toutes ces souffrances que nous traversons, le peu d'argent que nous gagnons, nous l'utilisons pour nourrir et scolariser nos enfants. Les hommes n'arrivent plus à supporter la famille", a fait savoir Alamako Konaté.
En plus du calvaire de ces orpailleuses, le métal jaune a détrôné l’agriculture dans les localités minières de la Haute Guinée. Il fascine et attire les adeptes de l’enrichissement fulgurant. Mais les conséquences écologiques sont alarmantes d'après les spécialistes.
De Mandiana, SK Camara