Les zones minières de la préfecture de Mandiana sont de nos jours devenues un terrain fertile pour la prostitution. Les femmes mariées et les jeunes filles qui y affluent sont attirées par le gain facile et les meilleures opportunités économiques. Mais, derrière ces espoirs se cache un monde sombre et dangereux. Dans le district de Djoma Balandou, une localité relevant de la sous-préfecture de Kondianakoro, les bidonvilles qui servent de logement pour les étrangers venus d'ailleurs pour travailler sur les sites d'orpaillage fleurissent comme des champignons hors du village
Sur ces espaces cosmopolites, les centres de prostitution sont les seuls endroits de loisirs après le travail. La plupart des femmes mariées et jeunes filles qui se livrent à la prostitution dans ces endroits utilisent des arguments pour tromper leurs familles et justifier leur départ. Elles prétendent partir pour faire du commerce ou pour trouver un emploi, mais la réalité est bien différente. Dans l'ombre de ces activités, la prostitution reste la seule alternative pour elles de faire fortune.
Après plusieurs jours de refus, une femme mariée au physique imposant et attirant pour les amateurs de femmes rondes a en fin accepté de se prêter à notre micro en échange de quelques billets de francs guinéens. « Je suis venue ici pour chercher de l'argent dans les mines artisanales, mais comme j'arrive difficilement à trouver la somme escomptée, je me suis lancée dans ce business. Je suis mariée et mère de deux enfants, mais mon mari ne sait pas que je mène cette vie, qui consiste à vendre mes charmes. Je suis à Mandiana, cela fait deux ans. Au début je faisais le commerce, mais j'ai perdu mon capital. C'est comme ça je me suis retrouvée dans la prostitution », a-t-elle expliqué.
Venue de la Basse-Guinée dans l'intention de faire fortune dans l'orpaillage, cette autre femme s'est retrouvée dans la prostitution par le biais de son amie qui l'a encouragé à rejoindre Djoma Balandou. « J'ai été entrainée par une amie, qui m'a dit qu'elle sait comment gagner l'argent à travers le petit commerce dans les sites d'orpaillage. C'est ainsi qu'elle m’a invité ici à Djoma Balandou. Arrivée, elle m'a logé dans une chambre dans un tas de bidonvilles à quelques kilomètres du village. La nuit, elle m'a présenté un monsieur dans un bar où nous étions parties pour nous distraire un peu. Ce monsieur m'a donné une somme de 50.000 GNF quand j'étais prête à quitter les lieux. Deux jours après, je comprenais que je suis sollicitée par les hommes qui ne cessaient de me faire des cadeaux. C'est ainsi que je me suis lancée dans la prostitution comme mon amie, car ma famille me demandait des services dont je n'avais pas les moyens. Aujourd'hui je prends soin de moi-même convenablement ainsi que ma famille. Par jour, je peux gagner entre 300.000 et 500.000 GNF », a-t-elle déclaré.
La prostitution dans cette zone minière est alimentée par la demande des travailleurs masculins, souvent isolés et en manque de compagnie. Les femmes désespérées par leur situation économique précaire voient dans cette activité une façon de subvenir à leur besoin. C'est le cas de cette jeune dame ressortissante de Siguiri qui a préféré garder l'anonymat comme les autres. « J'ai voyagé avec un homme dans le même véhicule pour Djoma Balandou. Vu que je ne connaissais personne ici, il m'a proposé de passer la nuit chez lui. Avant de nous coucher, il m'a obligé de regarder un film pour adulte avec lui. En le faisant, ce film a aiguisé mon appétit et nous sommes passés à la pratique. Le matin, il m'a donné le prix de condiments et l'argent pour le petit déjeuner. Depuis lors, je vie avec lui comme dans un couple normal. Mon mari est au village et il pense que je vis chez une amie et cela depuis un an. La convention entre ce monsieur et moi, c'est de me donner tout ce que je veux en échange du sexe », a-t-elle laissé entendre.
De Mandiana, Souleymane Kato CAMARA