Suite à un constat posé lors du conseil des ministres de Guinée le 10 mars 2022, l’Exécutif guinéen a décidé de mettre en pause toutes les activités reliées à la mise en œuvre du géant projet minier sur le fer du mont Simandou.
Les raisons ayant conduit à cette situation sont du fait que le chef de la junte guinéenne, le colosse Colonel Mamadi DOUMBOUYA, estime que les groupes miniers titulaires des permis sur le Simandou n’ont pas pris en compte les intérêts de la Guinée dans le développement de leurs projets et ce, en dépit de sa demande expresse faite lors de leur rencontre courant décembre 2021.
Ainsi, contrairement aux engagements pris par la junte au lendemain de son coup-d ‘Etat du 5 septembre 2021 qui a mis fin aux 11 ans de règne d'Alpha Condé, où il avait décidé de ne pas remettre en cause les conventions minières en vigueur dans le pays, la junte décide de suspendre les travaux préparatoires de la construction du trans guinéen qui est une condition sine qua none posée par le gouvernement guinéen dans l’octroi des permis sur le Simandou. Ce chemin de fer, d’une longueur d’environ 650 KM doit permettre de drainer les futures productions de fer du Simandou (dans la région de la Haute Guinée) jusqu’au port à construire dans la préfecture de Forécariah en Basse Guinée.
Des délais supplémentaires à craindre.
En décidant la « cessation de toute activité sur le terrain en attendant les réponses aux questions posées aux divers acteurs et la clarification du mode opératoire dans lequel les intérêts de la Guinée seront préservés », la junte risque de rallonger la mise en œuvre de l’exploitation du minerai de fer du Simandou. Cette exploitation a longtemps été espérée. Depuis l’acquisition de ses premiers permis en 1997, Rio Tinto tarde à réaliser son projet du fait de plusieurs raisons, principalement les exigences de la Guinée de faire exporter les productions du Simandou par les côtes guinéennes plutôt que par les installations du voisin le Libéria dont les côtes seraient plus proches, ce qui impliquerait des coûts de transport moins élevés. Aussi, il y a le fait qu’à un moment donné, les prix du fer sur le marché mondial n’étaient pas favorables pour amortir un investissement aussi lourd.
Par contre, ayant obtenu son permis sur le Simandou en novembre 2019, le Winning Consortium Simandou, soutenu par la Chine, semble prêt à passer aux choses sérieuses dans la réalisation du trans guinéen, et la mise en exploitation de ses parts (blocs 1 et 2, Simandou Nord). Le premier chronogramme donné par le consortium prévoyait de conduire les travaux préparatoires et de mise en exploitation effective pour 2025. Déjà, en mars 2021, le consortium avait officiellement lancé les travaux de construction du trans guinéen à Madina Oula (dans la préfecture de Kindia, en Basse Guinée). Depuis cette date, le consortium continue les travaux sur le terrain, laissant croire à un respect du calendrier de réalisation donné aux autorités guinéennes.
Une difficile mise en commun des efforts.
Les exigences des autorités guinéennes de faire exporter le fer du Simandou par les côtes guinéennes, situées à plus de 650 KM du site d’exploitation, compliquent la situation et alourdit les investissements connexes. Ainsi, poussés par les autorités guinéennes, Rio Tinto et son partenaire Chinalco (détenant respectivement environ 45% et 40% des parts) ainsi que le Winning Simandou Consortium envisagent de mettre en commun leurs efforts pour construire le Trans guinéen. Cependant, les discussions entre les deux groupes risquent d’être laborieuses vu les contraintes de Rio Tinto à se conformer à des standards beaucoup plus élevés, en matière de normes sociales et environnementales. Déjà, on accuse le consortium WCS d’avoir fait exploser des habitats de chimpanzés protégés situés sur le tracé du chemin de fer.
Des réserves énormes et de qualité supérieure.
En dépit des lourds investissements connexes reliés à une éventuelle construction du trans guinéen, long de 650 KM, depuis le Simandou jusqu’aux cotes guinéennes, le riche gisement de fer du Simandou reste rentable.
D’après nos confrères de mining.com, avec deux (2) milliards tonnes de minerai de fer de qualité supérieure (entre 66% et 68% de teneur), les réserves du Simandou restent rentables et se positionnent comme les plus facilement exploitables à part la celles de la région du Pilbara en Australie et du Brésil.