Le cyanure est un produit chimique hautement
toxique utilisé de nos jours dans plusieurs champs de mine artisanale de la
Haute Guinée pour extraire de l'or. Bien que cette technique
permette une extraction plus rapide et plus efficace, elle comporte des risques
majeurs pour l'environnement et la santé humaine. Une situation qui inquiète plus d'un dans cette partie du pays.
À Serekoroni, le plus grand district de la commune rurale de Baro avec plus 15.000 habitants séjournent plusieurs
étrangers qui évoluent dans l'exploitation minière
artisanale. Dans ce district, l'une des conséquences les plus alarmantes de
l'utilisation du cyanure est la pollution des cours d'eau avoisinants mettant
en danger la vie aquatique.
Interrogé, le porte-parole des Tomboloma (gardiens
des mines artisanales) de sèrèkoroni, a déploré cette situation dévastatrice
qui entraîne une diminution de la biodiversité et un déséquilibre écologique.
« Aujourd’hui, nous sommes sévèrement frappés par les conséquences de ce produit toxique utilisé par certains de nos frères et les étrangers dans les mines artisanales. Première, les résidus minerais qui se retrouvent dans les cours d'eau tuent beaucoup les poissons. Parfois, nous trouvons des poissons morts sur l'eau à cause de l'impact du cyanure. Pire, quand nos animaux domestiques boivent l'eau des rivières, ils meurent sur place. Nous avons perdu beaucoup d'animaux notamment des bœufs dans ces conditions. Malgré le système de contrôle que nous avons mis en place, la pratique continue toujours », a déploré Sire Mandian Kourouma.
Connue pour sa fertilité dans le cadre de l'agriculture, la plupart des terres cultivables de sèrèkoroni sont devenues stériles, rendant impossible la croissance des plantes. Chose qui affecte ainsi l'évolution de l'agriculture locale selon le porte-parole des sages de sèrèkoroni.
« Nos sols contaminés par le cyanure ne peuvent plus être productifs. Nous sommes certes très intéressés par
l'exploitation minière qui a travers laquelle nous avons réalisé plusieurs
infrastructures, mais l'agriculture reste une priorité pour nous. Si
aujourd'hui ces terres sont détruites au profit des mines artisanales,
cela doit nous interpeller tous. Nous avons plusieurs fois tenté de mettre fin
à l'utilisation de ce produit chez nous, mais très malheureusement, des
gens continuent à l'utiliser clandestinement. Et, c'est cette utilisation
clandestine qui créée des dégâts, car ils le font de façon incontrôlée
par peur de se faire prendre. Actuellement l'agriculture est en danger ici »,dénonce Diarakè Condé.
Une autre conséquence et les moindres, c'est bien les risques que l'utilisation du cyanure cause à la santé humaine dans cette partie du hamana. Une préoccupation majeure des citoyens.
« Les populations vivant à proximité des mines artisanales utilisant le cyanure sont exposées à de graves risques pour leur santé. L'inhalation de vapeurs de cyanure ou de poussières contaminées peut entraîner des problèmes respiratoires, des lésions pulmonaires et même la mort. De plus, l'absorption de cyanure par la peau ou par ingestion peut causer des troubles neurologiques, des troubles cardiovasculaires et des problèmes de développement chez les enfants », alerte Koumba Kourouma, cheffe de poste de santé de sèrèkoroni.
Selon les spécialistes de l'environnement, il est essentiel face à ces dangers de mettre en place des mesures de prévention et de réglementation plus strictes pour l'utilisation du cyanure dans les mines artisanales. Des alternatives plus sûres et respectueuses de l'environnement doivent être développées et promues. De plus, il est primordial d'offrir une formation adéquate aux mineurs sur les risques liés à l'utilisation du cyanure et de renforcer les contrôles de sécurité dans les mines.