La Commune urbaine de Kankan et ses localités environnantes sont actuellement confrontées à un défi majeur : une forte augmentation de la chaleur et du soleil brûlant depuis le début du mois de mars 2024. Ce changement climatique a un impact considérable sur la vie quotidienne des citoyens, perturbant leur routine et leur bien-être. A l'inspection régionale de l'environnement et du développement durable de Kankan, ces conditions climatiques extrêmes sont perçues par les cadres comme une œuvre humaine.
Rencontré au sein de son bureau ce mardi, 19 mars 2024 dans les locaux du gouvernorat, Ibrahima Kouyate, ingénieur en gestion des ressources naturelles à l'inspection régionale de l'environnement et du développement durable de Kankan a pointé du doigt la déforestation. Pour ce spécialiste des questions environnementales, il s’agit de plusieurs phénomènes qui sont à la base de la diminution significative de la couverture végétale. « Aujourd’hui, ce n'est une nouvelle pour personne ici, il fait extrêmement chaud dans notre région. Mais, cela n'est autre chose que les conséquences des activités anthropiques de l'homme. D'abord, je vais parler de l'industrialisation et du transport qui ont un impact sérieux sur la couche d'ozone. Et, cette couche est la couche protectrice des êtres humains sur la terre. Si celle-ci est détruite, ça veut dire que la vie n'est plus possible sur terre. Maintenant, en ce qui concerne notre région, vous n'êtes pas sans savoir que la déforestation a pris une proportion très inquiétante dans nos zones minières, et cela contribue à l'augmentation de la température. La preuve est que de nos jours dans la région de Kankan, nous assistons aux grandes sécheresses, des vents violents, et la baisse des rendements de nos cultures. Prenons par exemple la préfecture de Siguiri, aujourd'hui cette ville n'est plus loin d'être un désert. Les citoyens pour se faire fortune agressent sévèrement les arbres qui jouent un rôle important dans la régulation de la température en fournissant de l'ombre, en évaporant l'humidité et en créant un microclimat plus agréable. Ce sont en quelques sortes les principales causes de cette chaleur excessive que nous traversons actuellement », a-t-il déclaré.
Parallèlement à la déforestation, la multiplication des usines d'eau minérale est considérée par Ibrahima Kouyate comme une activité qui engendre une augmentation des déchets industriels, qui souvent mal gérés, finissent par polluer l'environnement local. « L'autre chose que je voudrais aussi ajouter, c'est bien la prolifération des usines d'eau minérale qui produisent de déchets nocifs pour l'environnement. Ces déchets à force d'être mal gérés ont finis par contaminer les sources d'eau et les sols, entraînant une réduction de la qualité de l'eau et des terres agricoles. Les déchets plastiques représentent aujourd'hui dans notre région des véritables dangers pour la survie du couvert végétal. Ils sont non seulement biodégradables, mais ils sont actuellement pour nous des objets d'usage courant. Pourtant, ils peuvent mettre jusqu'à des centaines d'années avant de se décomposer, ce qui signifie qu'après avoir été jetés, ils s'accumulent dans l'environnement de façon critique », a-t-il fait savoir.
Face à cette situation préoccupante, ce professionnel des questions environnementales propose des pistes de solutions. « Il est essentiel d'adopter des mesures urgentes pour atténuer les effets du changement climatique dans la commune urbaine de Kankan et ses environs. Il est nécessaire de promouvoir le reboisement et encourager d’avantage la préservation des zones reboisées comme nous l'avons d'ailleurs toujours fait. Réglementer strictement les activités industrielles, en veillant à ce que les usines d'eau minérale respectent les normes environnementales et gèrent correctement leurs déchets. Des efforts doivent également être multipliés pour sensibiliser la population sur les enjeux environnementaux et encourager des pratiques durables au quotidien. Je pense
qu'en travaillant avec les citoyens dans ce sens, chacun peut contribuer à préserver la beauté naturelle de notre environnement et à assurer un avenir durable pour les générations à venir », a proposé Ibrahima Kouyate.
De kankan, Souleymane Kato CAMARA