La fabrication de briques cuites est un secteur d'activité rentable qui offre des emplois à de nombreuses personnes dans la commune urbaine de Kankan. Cependant, les conséquences environnementales de cette industrie ne sont pas à démontrer.
Sur les différents sites de fabrication de briques, la plupart des fabricants utilisent du bois comme combustible pour alimenter les fours. Une pratique qui entraîne la destruction des habitats naturels et perturbe l'équilibre écologique des cours d'eau avoisinants. Mais, malgré leur dépendance à cette industrie qui représente une source de revenus pour eux, ces fabricants qui font l'extraction de l'argile nécessaire destiné à la fabrication des briques sont bien conscients des dommages qu'ils causent au sol et à la végétation locale. C'est le cas de Siaka Koulibaly.
« Honnêtement nous savons que notre travail détruit complètement notre environnement, mais le problème est que : ce sont des milliers de familles ici à kankan qui se nourrissent grâce à ces pratiques. Donc, si nous arrêtons sans avoir une autre activité, ces familles risquent de ne plus trouver de quoi manger. Pendant le règne du président Alpha Condé, le gouvernement nous a promis des machines de fabrication de briques modernes pour que nous quittions ce site, mais quand ces machines sont arrivées, nous ne les avons pas vu. Nous avons juste appris qu'elles sont là. Sinon quand nous-mêmes nous observons les dégâts environnementaux causés, nous avons tout de suite envie d'abandonner, mais nous n'avons pas pour l'instant d'autres choses à faire », a-t-il déclaré.
Même son de cloche chez Adama Condé qui pratique ce travail depuis des années. « Nous avons été plusieurs fois sensibilisés sur les conséquences de notre travail, donc nous savons très bien que ça dégrade le sol et favorise la déforestation. Mais actuellement, les briques cuites sont les plus sollicitées à Kankan à cause de leur prix abordable. L'Etat doit pouvoir nous doter des moyens matériels et financiers pour que nous arrêtons de travailler ici et produire des briques stabilisées à l'aide des machines et les revendre à un bon prix à la population », a lancé la jeune dame.
Selon les personnes vivant à proximité de ces sites, les fours à briques émettent des fumées toxiques qui polluent l'air et contribuent à la dégradation de l'environnement. Ils dénoncent également les effets néfastes de ces émissions sur leur santé ainsi que sur la faune et la flore environnantes. « Quand ils commencent à brûler les briques la nuit, la fumée qui se dégage nous fatigue beaucoup. Parfois on a dû mal même à respirer à cause de celle ci. Nous sommes chaque fois enrhumé chez nous, vous pouvez demander les autres voisins d'à côté. Avant, nos enfants et nos maris descendaient dans la forêt de ce bas-fonds pour attraper les lapins et d’autres animaux, mais ces gens ont coupé tous les arbres et détruit les buissons. Quand tu dis à un étranger qu'il y avait une forêt dans cet endroit, il ne te croira pas », a fait savoir Aissatou Lamine Diallo.
Pour réduire l'impact environnemental de cette industrie, préserver les ressources naturelles et protéger l'écosystème local, un spécialiste des questions environnementales qui s'est confié à nous hors micro, propose l'adoption de techniques de fabrication plus respectueuses de l'environnement et la sensibilisation des fabricants aux enjeux écologiques comme pistes à explorer par le gouvernement guinéen.
De kankan, Souleymane Kato CAMARA